Les Maasaï … Une ethnie qui fait rêver tous les voyageurs se rendant au Kenya et en Tanzanie … Tout comme les Pygmées ou les aborigènes, les Maasaï sont un peuple de fantasmes. On a « entendu dire que… », on « pense savoir que … » …
Il nous tenait à cœur de vous en dire davantage sur ce peuple si connu et sur lequel circulent pourtant tant de fausses idées. Et surtout de vous conseiller sur où et comment les rencontrer, pour que cette rencontre se fasse dans l’authenticité et le respect.
Le territoire du peuple Maasaï s’étend majoritairement autour de la Vallée du Grand Rift, cet ensemble géologique composé de failles et de volcans, entre le Nord de la Tanzanie et le Sud du Kenya.
Historiquement, les Maasaï partageaient une grande partie de leurs terres avec les animaux sauvages. Depuis la création des Parcs Nationaux, ils ont été privés de la majorité de ces terres, qui étaient pourtant les meilleurs pâturages.
Au Nord de la Tanzanie par exemple, ils ont été peu à peu expulser des Parcs Nationaux, notamment du Serengeti et du Cratère du Ngorongoro. Ils peuvent toujours vivre et faire paître leurs bêtes dans la zone de Conservation de Ngorongoro, qui est une zone protégée, mais pas un Parc National, mais n’ont plus l’autorisation d’entrer dans le Cratère.
Les Maasaï sont un peuple de pasteurs, pour qui le bétail est le fondement de la société. Une partie des Maasai vit désormais en ville, mais une grande partie est toujours « dans le bush », où leur activité principale est l’élevage. C’est Enkaï, leur Dieu, qui leur a confié le bétail. Ils en sont donc les gardiens et non les propriétaires.
L’élevage de chèvres et vaches notamment leur permet bien sûr de se nourrir de temps en temps, mais contrairement aux idées reçues, les Maasai consomment peu cette viande. Ils utilisent le bétail comme source de protéines, notamment en prélevant le lait.
Au-delà de l’aspect alimentaire, le bétail est avant tout une monnaie d’échange et il intervient dans tous les rapports sociaux : mariages, enterrements, héritages, dons, cérémonies traditionnelles, etc …
Les Maasaï ont pour la plupart un régime monoalimentaire, ce qui est assez déstabilisant pour les Européens que nous sommes. Nous avons du mal à comprendre comment il est possible de manger un seul et même plat (avec différents accompagnements, certes), matin, midi et soir. Les Maasaï, eux, mangent de l’ugali, un porridge souvent préparé avec de la farine de maïs et de l’eau.
Ils achètent cette farine à des agriculteurs, la plupart du temps sur des marchés, par paquets de plusieurs kilos. L’ugali est mangé avec les mains, nature ou accompagné de sucre, sel, de sauce ou de légumes.
En complément de l’ugali, les Maasaï sont de grands consommateurs du lait qui provient de leur bétail. Le lait peut être bu tel quel, ou bien transformé en beurre par exemple. Il est ensuite stocké dans des calebasses.
Les Maasaï consomment souvent le lait bouilli, accompagné de thé et de sucre. Le thé est notamment responsable des dents brunes de la majorité des Maasaï.
Bien que peuple d’éleveurs, les Maasaï consomment peu la viande dans leurs repas quotidiens. La viande est plutôt sacrifiée pour les grandes occasions et les cérémonies. Lorsqu’une bête est sacrifiée, le processus de découpe suit un rituel très précis. De même que chaque pièce de la bête est destinée à un groupe de personnes différent. Les abats et la tête sont rôtis, mais très souvent, les yeux, le cœur et le foie sont consommés crus.
Lorsque l’on parle de l’alimentation des Maasaï, une question revient souvent « boivent-ils vraiment le sang des vaches ? ». Oui, cette pratique est toujours répandue, mais ne s’effectue pas au quotidien. C’est principalement pour les cérémonies que les Maasaï effectuent les fameuses saignées à l’aide d’arcs, ou pour renforcer une personne qui aurait été affaiblie (par exemple par un accident ou un accouchement).
Un mouton ou une chèvre sont par exemple souvent sacrifiés lors d’une naissance, et le sang, la graisse et la viande sont donnés à la jeune mère pour la renforcer. Lorsque les Maasaï effectuent les saignées, ils utilisent une flèche qui permet de percer la peau, sans pour autant pénétrer dans le cou, pour ne pas tuer l’animal.
Le sang est récolté dans une calebasse. Il est alors consommé de deux manières différentes selon la situation. Si c’est pour renforcer une personne affaiblie, il sera préparé avec des plantes. Si c’est dans le cadre d’une cérémonie, il sera mélangé frais avec du lait notamment.
Avant l’arrivée du sucre industriel, les Maasaï consommaient de grande quantité de miel. Ils en utilisent toujours, notamment lors des cérémonies, mais ne le produisent pas eux-mêmes. Il n’est pas rare de voir des Maasaï vendre du « miel du bush » dans des bouteilles en plastique, notamment sur la route entre le Parc National du Serengeti en Tanzanie et la ville de Karatu. Ce miel est davantage destiné à un usage médical.
Contrairement aux idées reçues, les Massaï ne consomment pas de « viande de brousse », c’est-à-dire d’animaux sauvages, sauf en cas d’extrêmes sécheresses et de grande pauvreté.
Les Maasaï sont confrontés à différentes maladies qui font des ravages, notamment le VIH, la tuberculose et le paludisme. Les dispensaires de fortune où ils pourraient être soignés se trouvent souvent à plusieurs dizaines de kilomètres de leur lieu de vie.
En Tanzanie, dans la zone de Conservation de Ngorongoro, le dispensaire d’Endulen s’occupe de soigner les Maasaï de la région avec l’aide de médecins étrangers. Il est possible de s’y arrêter pour prendre un petit déjeuner et avoir quelques explications sur leur fonctionnement.
Au-delà de ces maladies, les Maasaï sont également confrontés à toute sorte de blessure, morsure ou piqûre d’insectes qui viennent jusque dans leur manyatta (case traditionnelle).
Pour lutter contre ces fléaux, les Maasaï s’appuient sur une connaissance largement répandue des plantes médicinales. Ils utilisent des plantes, écorces, racines, fruits, trouvés dans leur environnement pour préparer des remèdes locaux.
Les Maasaï représentent l’une des tribus les plus vulnérables face au sida en Tanzanie et au Kenya, car les risques sont multiples : rapports sexuels non protégés, pratiques traditionnelles comme l’excision, et rejet de la médecine « occidentale ». Les Maasaï favorisent toujours l’utilisation des plantes pour se soigner, et ne se rendent au dispensaire qu’en cas d’extrême urgence.
La vie des hommes et des femmes Maasaï est rythmée par le passage de classe d’âge en classe d’âge. Voici les grands principes qui rythment la jeunesse des Maasaï.
Lorsqu’une femme met au monde un bébé chez les Maasaï, la mère va boire du sang de taureau mélangé à du lait, pour reprendre des forces. Un animal est également souvent sacrifié et est offert aux femmes du village qui village qui viennent apporter du lait à la jeune maman. Ensuite, un mouton est sacrifié et sa graisse va être donnée à la jeune mère, pour qu’elle retrouve force et vitalité.
La consommation de graisse est très importante dans l’après-accouchement chez les femmes Maasaï. La jeune maman se consacre intégralement à son bébé, souvent à l’écart de son mari, jusqu’à ce qu’il marche.
Chez les Maasai, un bébé ne reçoit pas toujours un prénom dès sa naissance. Certaines familles attendent plusieurs semaines avant de donner un premier prénom au bébé. A la fin de l’enfance, il va recevoir un deuxième prénom.
L’éducation n’est pas seulement l’affaire des parents chez les Maasaï, c’est l’affaire de toute la tribu. Les jeunes filles et sœurs participent notamment à son éducation et une punition peut lui être donnée par n’importe quel membre de la communauté.
L’enfance est également l’âge auquel les Maasaï portent leurs premiers bijoux. Vers 7 ans, ils se font percer le haut des oreilles, trou qui sera étiré pour l’élargir progressivement.
L’adolescence chez les Maasaï
Les jeunes filles s’occupent principalement de la traite du bétail, d’aller chercher de l’eau et de réparer les manyattas. Elles assistent leurs mères dans les tâches ménagères et dans l’éduction des enfants. C’est l’excision qui marque chez les jeunes filles Maasaï le passage à l’âge adulte. Avant cette cérémonie, elles ne peuvent par exemple par porter de boucles d’oreille sur la partie inférieure du lobe ni certains types de colliers, ce qui les rend facilement reconnaissable.
De même chez les garçons, il existe beaucoup d’interdits avant la circoncision, qui marque la fin de l’enfance et le passage au stade de Morans. Ils ne peuvent pas se réunir, et sont en quelque sorte soumis aux morans, leurs aînés. Ils passent leur temps à s’occuper et surveiller le bétail, et développe leurs connaissances en élevage.
C’est sans doute la période de la vie des Maasaï qui fascine le plus et qui fait l’objet de tant de spéculation. Lorsqu’ils ont une douzaine d’années, les jeunes Maasaï commencent à essayer de prouver leur bravoure aux yeux des morans, pour leur montrer qu’ils sont prêts à devenir, eux aussi, des hommes. C’est le laïbon, sorte de chef spirituel, qui décide de la tenue d’une nouvelle cérémonie, qui permettra à plusieurs jeunes de devenir morans.
Pendant cette cérémonie, les jeunes doivent se montrer forts et valeureux, et sont soumis à différentes épreuves avec le bétail, comme prendre un taureau par les cornes. Après cette cérémonie, le laïbon leur attribue un nom de moran, qui vient remplacer leur nom d’enfant. C’est une période de socialisation très intense entre les morans qui s’ensuit. Ils vivent ensemble pendant plusieurs semaines, organisent des réunions et partent souvent dans la savane.
Lorsqu’ils sont prêts, les jeunes vont être circoncis. En Tanzanie, ils portent des sortes de couronnes de plumes.
Pour les filles Maasaï, c’est l’excision qui va marquer le passage dans son nouveau rôle de femme et de future mère. L’excision est décidée par les femmes de la famille, qui invitent la sage-femme ou amène la jeune fille chez elle. Ce rite n’est en aucun cas dicté par des hommes, contrairement aux idées reçues. L’excision chez les Maasaï consiste en l’ablation du clitoris et des petites lèvres le plus souvent. Seule une femme est habilitée à pratiquer cette opération.
L’excision est une mutilation qui fait l’objet de virulentes critiques de la part des Occidentaux. Lors d’un voyage au Kenya ou d’un safari en Tanzanie, et d’une rencontre avec les Maasaï, c’est un sujet qui peut être abordé avec les hôtes, mais qui doit être pris avec grande prudence.
Pour être préparés au mieux, les voyageurs d’Endallah ont l’opportunité de rencontrer l’ONG NAFGEM, lors de leur passage à Moshi. Ce réseau de lutte contre la mutilation génitale des femmes travaille avec différentes communautés de Tanzanie, pour les sensibiliser aux dangers de l’excision mais aussi pour lutter de manière efficace contre cette pratique.
L’un des enjeux majeurs est que les femmes pratiquant l’excision gagnent des sommes d’argent considérables. Ainsi, pour lutter efficacement, il ne suffit pas de leur confisquer les outils d’excision, il faut également les accompagner dans leur « reconversion » en leur offrant des opportunités professionnelles.
Les Maasaï sont réputés dans le monde entier pour la beauté de leurs parures de perles. Celles-ci sont faites en perles de verre, très souvent importées d’Europe. Ils les assemblent sur des fils de fer et les mélangent avec des matériaux locaux comme des bouts de plastique ou chaînes métalliques pour rendre les bijoux encore plus beaux et sonores.
Chez les Maasaï, l’agencement des perles dans les bijoux se fait en fonction de l’harmonie, du beau, mais permet également de communiquer des messages, notamment des bénédictions. Le choix des couleurs est primordial. L’association noir/bleu, par exemple, symobolise la présence divine dans le Ciel.
Ces bijoux permettent aux familles de montrer leur bonne santé financière : si les pluies sont abondantes, l’herbe est verte, les vaches sont bien nourries et permettent à la famille de vivre correctement et notamment aux femmes d’acheter des perles.
Les hommes, au gré de leurs activités dans la brousse, se confectionnent également des bijoux faits de matériaux naturels récoltés en chemin : plumes, noyaux, fruits …
Lors d’un voyage au Kenya ou en Tanzanie, nombreux sont les voyageurs qui souhaitent rencontrer des membres de la communauté Maasaï. C’est bien sûr tout à fait possible, mais il faut être prudent, et organiser cette rencontre de manière responsable. Voici nos conseils.
Tout d’abord, il faut se rendre aux bons endroits. Au Kenya et en Tanzanie, une multitude de villages ont été créés pour accueillir des touristes l’espace de quelques minutes. La vie des Maasaï est reconstituée et tout est mis en scène pour satisfaire le touriste : danse traditionnelle à l’arrivée et chants, visite express du village, et bien sûr, invitation au don et à l’achat de bijoux en souvenirs.
Ces villages ne montrent pas la réalité de la vie des Maasaï et les « guides » répètent sans cesse les mêmes choses aux touristes, pour satisfaire leurs envies de rencontre d’un « peuple primitif ». Certains font semblant d’être surpris que les Européens n’aient qu’une femme, alors que « nous Maasaï, nous pouvons avoir plusieurs femmes ». Pensez-vous réellement qu’un Maasaï qui accueillent des dizaines de touristes par jour dans son village ne sache pas cela ?
Les Maasaï sont loin d’être primitifs et coupés du monde : beaucoup se rendent en ville pour faire leurs achats, certains ont des smartphones et même un compte Facebook. Ils portent des baskets Nike chinées sur les marchés de Nairobi, et vous donnent leur numéro de téléphone pour échanger sur WhatsApp.
Au-delà des informations erronées ou déformées qui sont partagées aux touristes dans ces villages, l’impact social de ce folkore organisé est désastreux. Les enfants assis dans « la classe » sont en réalité déscolarisés car ils sont plus « rentables » en mendiant de l’argent aux touristes pour leur école. Et qu’en est-il de l’argent donné par les touristes ou les tours operators à ces villages ? Sert-il vraiment à financer les louables projets communautaires comme mentionné par le chef du village ? Rien n’est moins sûr … Personne n’est capable de nous parler plus en détails de ces projets…
Cette expérience de « faux village » ou de « village en plastique », comme les appellent notre équipe en Tanzanie, n’est ni intéressante pour les voyageurs, ni bénéfique pour les locaux.
Si vous souhaitez avoir une idée de ce qu’il se passe dans ces villages, et vous rassurer de ce que vous évitez en n’y allant pas, lisez cet article d’un reporter du journal Le Monde, qui raconte la « rencontre » (peut-on encore appeler ça une rencontre ?) entre un groupe de touristes Hollandais et des Maasai en Tanzanie. Le journaliste y explique très bien le malaise des Maasaï et des locaux, les uns pensant que les Européens ne veulent que des photos, sans s’intéresser à eux, et les autres pendant que les locaux sont obsédés par la vente de leurs bijoux.
A l’inverse de cette expérience, nous proposons à nos voyageurs de se rendre dans d’authentiques villages Maasaï, qui ont fait le choix de s’ouvrir à un tourisme raisonné, limité et responsable.
Pour cela, il faut bien sûr avoir un peu de temps (au moins 2 jours), car on ne peut pas « vivre une immersion » ou « rencontrer » en quelques heures seulement.
Ces immersions sont construites par les locaux eux-mêmes, en fonction de ce qu’ils ont envie ou non de partager avec les voyageurs. Les voyageurs d’Endallah sont acteurs de l’immersion, il ne s’agit pas d’aller au village, d’observer, de prendre des photos et de partir. Il s’agit d’un échange réciproque, de partager des activités quotidiennes comme s’occuper du bétail, aller chercher de l’eau ou préparer le feu. Les voyageurs partagent des moments d’échanges intenses, au-delà des clichés, autour d’un feu de camp ou dans une manyatta.
Mais pour cela, il faut être prêt à oublier les mythes, ne pas chercher à « voir ce que l’on veut voir » des Maasaï, mais être prêt à voir les Maasaï tels qu’ils sont.
Voici quelques conseils de lectures si vous souhaitez en savoir plus sur les Maasaï ou vous divertir !
La Massai blanche (Corinne Hofmann) : l’histoire aussi passionnante qu’impressionnante d’une jeune femme de 27 ans qui quitte sa confortable vie d’Européenne pour s’installer parmi les Massai du Kenya par amour. D’autant plus fascinant que c’est une histoire vraie !
Waters of the Sanjan (David Read – en anglais seulement) : l’un des meilleurs romans pour découvrir le mode de vie et la culture Massai. L’auteur a vécu plusieurs années en leur compagnie et a imaginé une belle histoire pour nous plonger dans leur quotidien, et répondre à nos ultimes questions sur la culture Massai.
The Ways of the Tribe (Gervase Tatah Mlola – en anglais seulement) : un magnifique ouvrage sur les tribus du Nord Est de la Tanzanie (régions de Tanga, Kilimanjaro, Arusha et Manyara), où vous passerez certainement une grande partie de votre séjour. The ways of the Tribe explique la diversité des tribus et leurs spécificités. Découvrez-y les tribus qui vous accueilleront lors de votre voyage !
Black Museum (Alexandre Hauffmann) : ce livre ne porte pas sur les Maasaï, mais c’est la réflexion intéressante d’un journaliste effectuant un reportage sur la fameuse tribu des Hazabe ou bushmen de Tanzanie. Quelques centaines de Hazbade vivent encore dans le bush, avec un mode de vie ancestral : chasseurs-cueilleurs et nomades, ils sont devenus une « attraction touristique » pour certains. Les Maasaï sont également confrontés à ce problème…